Spinelle noire

Le spinelle noir fut décrit en 1546 par George Bauer, un savant allemand reconnu comme un des pères de la minéralogie moderne. Cet érudit était passionné par les vertus curatives des minéraux, et il nomma cette pierre fine du nom latin « spina », ce qui signifie épine, en observant ses cristaux acérés. On en trouve des noires, des rouges, des bleues, des verts, des orangés ou des roses. Parmi cette grande diversité de coloris, le spinelle rouge a souvent été, à tort, appelé rubis, en raison de sa couleur pourpre.

Depuis l’antiquité, l’Afghanistan faisait commerce de la pierre spinelle noir. Originaire de la région historique du Badakhshan, elle y était largement extraite, faisant la renommée et la richesse du royaume. On la connaissait alors sous le nom de pierre précieuse Balais. Ce nom contribuera aussi à renforcer l’amalgame avec le rubis.

Au XIIIe siècle, Marco Polo en fit l’éloge, et il décrivit ces gemmes comme de « chères et belles pierres ». Leur valeur était telle qu’il était de coutume d’en offrir aux visiteurs de marque comme cadeaux diplomatiques. Cependant, le sultan était le seul à posséder ce symbole de grandeur dans son pays. La pierre Spinelle noir fut alors de tous les voyages, surtout lorsque l’on s’aperçut de ses pouvoirs magnétiques. Utilisée largement pour la constitution de boussoles, cette pierre directrice fut la pierre angulaire de la cartographie du siècle des Grandes Découvertes. Le spinelle fut définitivement différencié du rubis au XIXe siècle, avec les progrès techniques et la création d’une nouvelle science appelée gemmologie. On y vit alors plus clair, mais, surtout, on apprit alors que le célèbre rubis du Prince Noir enchâssé sur la couronne de la reine Victoria, était en fait une variété rarissime de pierre spinelle. Il en fut de même pour le Timur, un autre célèbre joyau de la Couronne, et de nombreuses autres pierres considérées alors comme de précieux rubis, en France et en Russie, se retrouvèrent requalifiées. Cela n’enlève en rien la splendeur des bijoux qui ont été parés avec ces pierres, et il ne s’agit seulement que d’une requalification. Aujourd’hui, en Angleterre, on peut admirer une pierre nommée poétiquement le Tribut du Monde. Ses 352 carats sont exposés à Buckingham Palace. Le British Museum, lui aussi, en expose deux spécimens impressionnants qui pèsent chacun 520 carats. Même si la pierre Spinelle noir n’est pas considérée comme une pierre précieuse, elle regorge de splendeurs qui la rendent indubitablement de grande valeur.